Longs courriers, maxi névroses
En direct d'un lit de fumeur d'opium : dernières nouvelles du tourisme international, jet lag et secrets de voyage de mes amis collectionneurs de Miles.
🧳 Bienvenue ! Cette semaine Carte Blanche devient momentanément Carte d’Embarquement : une édition spéciale consacrée au voyage. Elle est longue et se lit mieux sur le site. 🧳
Bonjour à tous et surtout à ceux qui regrettent que je n’envoie pas de newsletter plus souvent ! C’est que j’ai par ailleurs un vrai job (= payé) qui consiste à écrire dans un vrai journal (ELLE). Dans le numéro de cette semaine, vous pourrez ainsi lire mon article sur la tyrannie des retraites wellness, ce marché du tourisme estimé à 1029 milliards de dollars qui va doubler d’ici 2030 et inspire la nouvelle saison de The White Lotus. Cet article ne tient évidemment pas compte de ma propre conception d’une retraite wellness réussie qui consiste à se taper un bol de nouilles à 8 heures du matin dans le fin fond de l’Asie puis vider des bières Tiger glacées à partir de 14 heures. Ma méditation en pleine conscience, c’est de fixer le mouvement d’un ventilateur de plafond par 33 degrés comme si j’étais dans Apocalypse Now. Ma petite musique intérieure, c’est celle du climatiseur qui goutte et des scooters qui klaxonnent dans la rue. Mon wabi-sabi, c’est les tabourets en plastique rouges et les trottoirs éclairés au néon. Mon programme bien-être consiste à passer mes matinées au marché et mes après-midis à bouquiner à l’ombre.






À ce titre, j’écris ces lignes depuis une retraite wellness vraiment fantastique. Je suis à Penang, une presqu’île de la Malaisie réputée produire la cuisine la plus dingue et sophistiquée de toute l’Asie du Sud-Est. Ce n’est pas un hasard : les cultures culinaires les plus riches sont le fruit de mouvements migratoires puissants et Penang est située à la croisée de routes commerciales qui, pendant plusieurs siècles, ont fait se rencontrer des immigrés venus de Chine, d’Inde, d’Angleterre et du Moyen-Orient. Les commerçants chinois s’y sont installés dès le XIVe siècle. Ils y ont épousé des femmes malaisiennes et ont formé, de génération en génération, une ethnie à part qui s’est auto-baptisée « Peranakan ». Esthètes devant l’Éternel, les Peranakans se sont enrichis dans les épices et l’étain. Au XIXe siècle, ils ont utilisé leur fortune pour ériger, à George Town, de magnifiques maisons coloniales toutes en porches, en arcades et en céramiques multicolores. L’ensemble forme une boîte à bijoux géante à ciel ouvert qui sent les épices, le pandan et le laksa, la soupe aigre-douce locale.
Depuis quelques années, des entrepreneurs peranakans aussi passionnés que leurs ancêtres pour l’architecture, la mode et la déco restaurent ces maisons pour en faire des boutiques-hôtels meublés de mobilier ancien où l’on peut passer la nuit pour moins de 100 euros. Si, comme moi, vous chérissez les hôtels indépendants, les décors en bois exotique, les portes coulissantes ajourées et les hauteurs sous plafond surnaturelles, alors vous allez adorer Penang. Le Seven Terraces, où je séjourne, est situé au cœur d’un quartier classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Son lobby ouvert sur la piscine se compose de bibliothèques en bois ouvragé remplies de bouquins sur la culture peranakan et de lits de fumeur d’opium incrustés de nacre et de dorures sur lesquels j’empire mon jet lag. Le service est foutraque mais on m’apporte tous les jours, à l’heure du thé, une théière remplie de feuilles de jasmin et des gâteaux de riz au pandan. Surtout, cet établissement brille par l’absence de tout ce que je réprouve dans les hôtels estampillés « luxe » :
- la musique de fond néo-lounge genre reprise unplugged de tubes de Kendrick Lamar par une chanteuse folk qui murmure en guitare-voix
- des systèmes électriques soi-disant « intuitifs » dont la complexité réelle ne peut servir qu’un seul but : humilier les clients de l’hôtel
- les gels-douche et shampoing miniatures en plastique
- les décors tellement impeccables qu’ils en sont désincarnés
- les spaghettis bolognaise au menu du room service
- les codes couleur genre le « violet signature » qui recouvre les serviettes, les rideaux, les oreillers, les chaises du restaurant
Demain, je poursuivrai ma route vers une île de la taille d’un confetti qui réunit tous mes critères de voyage dignes d’une candidate de télé-réalité (une plage de sable plus blanc et farineux que de la cocaïne, des palmiers de fond d’écran Windows et une eau turquoise ascendant Canard WC). Si vous avez envie d’en savoir plus sur la cuisine peranakan, ses produits fous et son éventail de recettes emblématiques unique au monde, surveillez mon compte Instagram où, dans les jours qui viennent, je posterai sur le sujet en story à la une.
Dernières nouvelles du tourisme qui me font rire ou me consternent.
Un paquet de créateurs de contenus loupent leur avion à cause de la dernière tendance TikTok qui s’appelle « Airport Theory ».
La journaliste que j’admire le plus au monde a lancé un Substack dans lequel elle explique pourquoi posséder un jet privé est la plus imbattable des armes de corruption. Avec une balle perdue magnifique pour Barack Obama, qui dresse la liste des invités de ses anniversaires en fonction de qui pourra lui prêter ultérieurement un jet pour aller jouer au golf.
Pour nous les pauvres, l’industrie aéronautique planche depuis quelques années sur des systèmes de lits superposés adaptés à la classe éco. Le premier avion ainsi équipé s’envolera en 2026 via la compagnie Air New Zealand.
Le saviez-vous ? Pour les touristes chinois, l’Afghanistan, c’est les nouvelles Galeries Lafayette.
Et l’office de tourisme, c’est le nouveau L’Oréal ? Le couple hollywoodien formé par Elsa Pataky et Chris Hemsworth est devenu l’ambassadeur de la campagne de communication la plus longue, mégalo et premier degré jamais dégainée par un office de tourisme. Elle nous vient d’Abu Dhabi qui ne compte plus les millions d’investissement pour gratter sa part du marché touristique moyen-oriental entre Dubaï et l’Arabie Saoudite. Prêter son image à une destination de vacances comme on la prête à un parfum, est-ce un phénomène en devenir ? Le partenariat plus discret de Virginie Efira et Niels Schneider avec un hôtel de l’Île Maurice me fait penser que oui (ne passez pas à côté du communiqué très kitsch qui a l’air d’avoir été réalisé par une intelligence artificielle).
J’ai un rituel qui dégoûte la plupart de mes compagnons de voyage et qui consiste à me faire un McDo dans tous les pays que je traverse et le New York Times Magazine vient de confirmer que je ne suis pas si folle que ça.
Grosse angoisse devant votre valise vide ? Faites comme pour tous les autres aspects de votre vie (style, cuisine, névroses) : remettez-vous en à la méthode de Joan Didion qui faisait tenir dans deux valises (une en soute, une en cabine) : deux jupes, deux chemises, un pull, deux paires de chaussures, des bas, des sous-vêtements, un peignoir, des pantoufles, une trousse de toilette, un plaid en mohair, des blocs-notes, des dossiers, une machine à écrire, des cigarettes, une bouteille de bourbon et ses clés.
Une nouvelle revue consacrée au voyage vient de paraître en France. Elle est littéraire, ambitieuse et si lourde dans mon sac de voyage ! Mais j’aime qu’elle se mérite (Passager coûte 19 euros et ne s’achète qu’en librairie). Surtout, j’adore y retrouver la plume reconnaissable entre mille du journaliste Pierre Leonforte avec qui j’ai eu la joie de travailler pendant presque neuf ans chez Vanity Fair.
Très bonne campagne marketing de Skyscanner en trois étapes : 1/ produire via ses utilisateurs une « étude » vague aux résultats biaisés et courus d’avance sur l’angoisse des Français qui organisent leurs vacances. 2/ Pondre un concept, le « Wanderlost », assez accrocheur pour que toute la presse se jette dessus. 3/ Mobiliser un « neurochirurgien » (de qui se moque-t-on ?) pour prodiguer des conseils ni faits ni à faire qui mâcheront le travail des journalistes et les inciter à créditer la marque.
Je rêve que le studio de production A24 adapte au cinéma cette histoire folle : un bateau de croisière abandonne neuf passagers sans leurs bagages sur le quai d’une escale à Sao Tomé, ces derniers doivent traverser six pays d’Afrique en sept jours avant de réussir à remonter à bord.
N’en déplaise à l’ « étude très sérieuse » de Skyscanner, la préparation d’un voyage n’est pas pour moi une angoisse mais un immense plaisir et même un vice. Mais quel est le moment de bascule où l’accumulation de micro-rituels construits un voyage après l’autre nous font passer de l’état de personne enthousiaste et organisée à celui de folle du bus ? Voici une liste non exhaustive de mes névroses d’avant départ.
Avant de réserver quoi que ce soit, je vérifie les dates de vacances scolaires de la destination dans laquelle je me rends + les dates de vacances scolaires des nationalités qui fréquentent le plus cette destination (sans vouloir offenser les adeptes du réarmement démographique, je préfère me taper une mousson plutôt qu’une famille nombreuse sur la plage).
Au moment de choisir ma place dans l’avion, je sélectionne un siège hublot sur une rangée où le siège côté couloir est déjà pris. Personne ne voudra jamais d’une place entre un hublot et un couloir déjà occupés donc à moins que le vol ne soit complet, j’ai statistiquement beaucoup plus de chances que le siège à ma droite ne soit jamais occupé. Sur les trois vols que j’ai pris depuis Paris pour rejoindre Penang, ça a marché trois fois.
Je vis pour les commentaires houleux et les photos floues de TripAdvisor. Je vis pour les forums de voyage peuplés d’obsessionnels qui passent leur journée à vous expliquer que « cette destination, ça valait en 74 mais c’est plus comme avant, de toute façon le tourisme pourrit tout ». Je vis pour les blogs avec des noms genre « Le voyage des Loulous » où des mamounes racontent leur tour du monde en famille avec force de private jokes incompréhensibles. Je vis pour les chaînes YouTube où des influenceurs voyage vous expliquent comment ne surtout pas payer 15 euros au lieu de 12 à un chauffeur de taxi qui vit en dessous du seuil de pauvreté. Plus c’est sale, plus j’y vais. Loin de moi l’idée de faire passer pour une astuce de voyage ce qui tient plus clairement de la perversion… Néanmoins, le volume d’informations ainsi récoltées combiné à leur dimension anecdotique me donne souvent une idée de ma destination de voyage bien plus réelle que n’importe quel article de presse écrit par un pro.
Une semaine avant mon départ, je ne me nourris plus que de pâtés en croûte, de Brillat-Savarin, de jambon-beurre, de ris-de-veau, de riz au lait et de tout ce qui est susceptible de me manquer pendant mon séjour
J’enrichis depuis dix ans des playlists de voyage aux titres évocateurs (ou problématiques selon votre sensibilité woke) dont celle-ci qui convoque un imaginaire intégralement nourri par le psychédélisme et les films de guerre américains des années 70. Elle est parfaite pour faire de la route à travers la jungle.
La veille du départ, j’achète des kilos de flacons de voyage Muji que je remplis de kilos de produits de parapharmacie pour faire tenir un mois de routine beauté dans un sachet de congélation Ikea d’1L qui passe la sécurité de l’aéroport (j’aimerais qu’il existe un concours du ziplock le plus optimisé pour enfin gagner un truc dans ma vie)
Parce que les manies nous disent inévitablement quelque chose de ceux qui les détiennent et parce qu’elles sont parfois de vrais bonnes idées, j’ai demandé les leurs à six grands voyageurs qui comptabilisent plus de Miles que je n’en accumulerai jamais.
André Michel est un fin connaisseur de la scène gastronomique internationale, observateur curieux, habitué des tables du 50 Best écrivant pour le magazine Purple, et la première personne vers laquelle je pense à me tourner quand je dois entamer des recherches sur une région du monde dont je ne sais rien.
« Je regarde toujours Atlas Obscura autour de ma destination pour dénicher des recommandations absurdes – un musée des toilettes, un point historique complotiste caché dans une ruelle, un restaurant familial depuis 300 ans. Je n’irai peut-être pas, mais j’aime savoir que ça existe. J’essaie aussi toujours de visiter un James Turrell que je catégorise sur mon Google Maps. Je garde compulsivement sur mon application Notes des “TO DO” pour chaque grande ville que je complète au gré d’articles ou recommandations voyage d’amis. Et si approuvés, ils se transfèrent dans mes listes de recommandations par ville. Je regarde avant d’aller quelque part un vieil épisode d’une émission d’Anthony Bourdain (et s’il y en a plusieurs sur la même destination, j’observe aigre-doux comment sa sagesse et son mal-être grandissent ensemble avec le temps). Je transfère immédiatement mon billet de vol à Flighty, qui m’annonce les portes, les retards et les annulations avant même que la compagnie aérienne ne se réveille. Je vais sur SeatGuru pour identifier les sièges à fuir – ceux sans inclinaison, coincés contre une cloison, ou pire, ceux juste à côté des toilettes. J’ai un AirTag dans ma pochette passeport et un autre dans ma valise cabine. Je refuse d’enregistrer un bagage : trop de pertes, trop de valises explosées à l’arrivée. Si jamais je devais en mettre une en soute (ce qui n’arrivera pas), un AirTag dedans est non négociable. Je ne mange jamais les repas en avion. Même le bibimbap de Korean Air avec ses baguettes en métal est une déception. Je préfère manger avant de partir et me faire un vrai repas en arrivant. »
Shirley Garrier et son compagnon Mathieu Zouhairi possèdent incontestablement le compte Instagram de voyage le mieux foutu du marché et cela ne doit rien au hasard : leur travail de recherche est quasi-obsessionnel. Je me suis fait cinq jours à Kanazawa en me basant exclusivement sur leur carnet d’adresses et tout était parfait.
« On voyage minimaliste et organisé : toujours 2 valises cabines pour une semaine ou 2 mois, avec 4 t-shirts, 2 pantalons, 1 veste en jean, 2 chemises et une trousse de toilette toujours prête avec tous nos produits en double, j’aime avoir ma valise complète et fermée dans l’entrée (parfois une semaine avant), je lésine pas sur les chaussettes et neuves jamais portées ! Une paire par jour, j’adore la sensation , dans mon placard j’ai un stock de chaussettes Muji qui ont encore l’étiquette, quand je suis down ça me détend. Où qu’on aille, on commence par le marché et un pique-nique avec des produits locaux : crevettes crues à Barcelone ce week-end encore, poisson cru au Japon, durian à Singapour… On fait ça depuis 2015 avec notre kit : sel, poivre, huile d’olive, planche, papier sulfurisé, couteau. Passage obligé au supermarché aussi, j’adore voir le rayons des sauces, des condiments, des gâteaux et les produits industriels d’un pays à l’autre. On choisit 80% de nos destinations pour une spécialité. Hier, on a fait deux heures de route pour des calçots à Valls, puis retour direct. Si on accroche sur un plat, on peut le tester tous les jours, plusieurs fois, pour capter les nuances et le refaire. Et quand on aime un resto, on peut revenir tous les soirs jusqu’à avoir goûté toute la carte. Cet hiver, c’était Ganbara à San Sebastián, cette semaine c’était la Cerveceria de Vaso de Oro à Barcelone. Je ne regarde jamais Instagram pour trouver des adresses, je balaye toute la ville sur google map et je regarde les photos des gens random, les avis négatifs qui parfois me donnent envie d’aller quelque part du type « le sol collait, ils nous ont servi des tripes au petit dej et il n’y avait que 3 plats sur la carte », moi je fonce. »
J’ai rencontré Jean-Michel de Alberti à l’aéroport CDG alors que nous nous apprêtions à couvrir trois pays d’Asie dans le cadre d’un voyage de neuf jours impliquant sept vols. C’est sans doute le journaliste voyage le plus expert que je connaisse, avec un regard drôle et précis sur l’hôtellerie de luxe et la façon dont la business class rend les gens fous.
« J’ai une hantise du bruit dans les hôtels. Avant de partir, je vais lire systématiquement tous les points négatifs, les commentaires les plus mauvais répertoriés dans Google, les moins de Booking, la catégorie Horrible ou Médiocre de Tripadvisor pour me faire une idée de la situation (le camion poubelle à 5 heures du matin, la livraison des draps à 6 heures, la musique de la piscine qui stoppe à minuit)... j’avoue aussi y déceler des perles de cocasserie ou de mauvaise foi mais c’est une autre histoire, un petit plaisir coupable. Du coup en recoupant les avis qui paraissent sérieux, je suis fin prêt en arrivant à la réception, j’ai un plan très précis des problèmes rencontrés pour éviter la chambre donnant sur une entrée de boite de nuit, celle proche des ascenseurs, le dernier étage d’un hôtel où une antenne satellitaire défectueuse émet un son d’alarme permanent. »
Jade Simon est selon moi la journaliste lifestyle à qui Vogue doit d’être devenu le référent food et voyage incontournable qu’il est aujourd’hui. Aucune ouverture n’échappe à son radar, elle a poncé toutes les destinations wellness de Cancún au Golfe de Thaïlande et en tire une connaissance aigüe de cette industrie en plein boom.
« En particulier avec les longs vols, il est souvent question de patience et d’attente. On compte les heures et le moment où l’on va enfin atterrir. Aussi, n’en déplaise aux précautionneux, qui arrivent trois heures à l’avance même pour un Paris-Toulon, je fais en sorte que tout le temps passé à l'aéroport soit un roulement efficace en mouvement. Je veux marcher des contrôles à la sécurité, à l’avion, sans pause : une heure pour les vols internes, deux heures pour les longs courriers. Les protocoles et les manières des contrôleurs aériens étant souvent assez agressifs. Quand je suis seule, j’essaie de me couper de tout ça, en écoutant tout du long, de la musique ou des podcasts. Pour que ça passe plus vite aussi. Dans la liste infinie des restrictions absurdes des compagnies aériennes, l’humiliant ordre de jouer à Tetris avec sa valise dans des bacs en fer qui n’ont ni la forme, ni l’inclinaison d’un coffre à bagage d’avion est de loin la plus crispante. Si on ne peut investir dans un pass SkyPriority (porteur de temps et de dignité), il s’agit de scanner la pièce avant qu’on vous scanne. Ça ne se joue souvent qu’à une minute, un regard d’un binôme pas mécontent d’user de son petit pouvoir de nuisance et vous voila avec un bagage qui part en soute ou un supplément à payer. Surtout si votre « sac à main » vous cisaille l’épaule, ne vous laissez pas repérer, marchez comme s’il était un poids plume, collez les groupes énormes où vous passerez entre les mailles du filet, ou profitez de l’agitation d’enfants en bas âge face à leurs parents qui tentent de plier leurs poussettes. Si la compagnie est low cost, fuyez les regards du personnel. La technique du groupe ou de la famille pour monter à bord, marche aussi de nouveau. Si je vais dans une destination chaude, je prends plus de manteau. On finit toujours par se le trainer, il rentre jamais dans le bagage à main, on le pose, on l’oublie, mieux vaut avoir un pull chaud (de préférence col roulé), des chaussettes en cachemire et un foulard pour la clim. En éco, si l'on a deux sièges vides à disposition, et si l’on est grand, plutôt que d’essayer de se plier en deux en dépassant dans l’allée, en se prenant des coups de ceux qui passent et arrivant à destination le dos en miettes, j’ai une petite technique qui consiste à faire un appui en créant un jour entre les côtés des deux sièges en gardant l’un droit et l’autre incliné. Posez votre oreiller à cet endroit et vous pourrez dormir un petit moment. »
Ariane Geffard n’est pas du tout journaliste voyage, pourtant cette agente littéraire a le don de dénicher régulièrement d’incroyables Airbnb qui ont de quoi filer des complexes à toute la profession.
« 1/ Le logement défini le voyage = je ne cherche pas une destination, je cherche LE logement et je pars là où je trouve le truc le plus dingue 2/ Quand je cherche je mets plein de filtres pour optimiser le temps de recherche et aller direct vers ce que je cible (type d’habitat, prix, etc) 3/ Je cherche sur toutes les plateformes (il y a même des pépites sur Booking !) et je vais sur la map ! C’est très important pour m’en tenir à l’Europe par exemple, et ne pas trouver une pépite en nouvelle Zélande alors que j’ai un budget de 1500 balles. Sur Booking je filtre systématiquement les plus hautes notes, les meilleurs commentaires, 4 ou 5 étoiles etc. et sur Airbnb ce que je considère comme le top : Super host, Vue, et le type d’habitat que je cherche (par exemple un cottage). »
Françoise Ha Vinh est une immense journaliste voyage à l'élégance imbattable (stylistiquement et humainement). Plume emblématique du regretté Air France Madame, elle m'a fait découvrir la meilleure destination de voyage qui existe à deux pas de chez moi : le restaurant Foyer Vietnam.
« Dans les chambres d’hôtel, je ne supporte pas les lumières vertes, rouges… comme celle du téléviseur en veille, ou celles des interrupteurs, ou celle au plafond, bien verte et bien flippante, qui sert à la sécurité incendie… Je traque ces points lumineux : j’étale des serviettes de bain sur le téléviseur, j’empile les coussins sur la table de chevet pour masquer l’interrupteur… et celles du plafond, pile poil au-dessus du lit, sont ma bête noire car impossible de les masquer. Bref, toute une logistique qui bouleverse la chambre et ça m’agace. Et j’ai l’impression que plus les hôtels sont luxueux, plus les lumières sont nombreuses ! Je ne supporte pas la multitude d’oreillers disposés sur le lit, ils finissent par terre sauf celui sur lequel je vais poser ma tête pour la nuit. Quant au sèche-cheveux et son cordon trop bien enroulé… je mets un temps fou à le dérouler et je le retrouve systématiquement enroulé lorsque le ménage est fait. Autre point noir des chambres d’hôtels haut de gamme, la domotique, devenue ultra sophistiquée au fil des ans. Je passe un temps fou à comprendre leur fonctionnement. Autrefois je voyageais toujours avec mon couteau, un canif que je mettais dans ma valise qui partait en soute. Je trouve pratique d’en avoir un en voyage… ça sert toujours. Des fruits achetés au marché et dégustés à peine découpés… Mais après un sévère contrôle à Hong Kong, j’ai arrêté ! »
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Je pourrais littéralement partir en voyage avec vous : ma cure wellness a moi pourrait être en Asie avec des Nasi Goreng mais je penche plutôt pour la Grèce avec un espresso freddo vers 10h, un (ou deux ou trois) verre de vin blanc sec de la carafe avec des glaçons dans un petit verre type duralex accompagné de gavros frits trempés dans du tzatziki et une purée de fève, une séance de méditation siesta avec le bruit blanc des cigales et un yoga du coude avec le lever de verre d'ouzo au coucher du soleil.
Je me suis reconnue dans beaucoup : la pire chose qui puisse m'arriver en voyage c'est de rater un repas dans un attrape nigaud de touristes. Vraiment ça me donne à la fois envie de pleurer et de me mettre en colère. Moralité : j'écume google map également en long, large et travers et je regarde les petits bouis-bouis avec pas beaucoup d'avis (et donc pas beaucoup de touristes...car qui écrit sur son quartier ? personne, on a envie de le garder secret non ce petit spot génial ?) mais beaucoup d'étoiles et quelques photos de trucs interessants. Je me fais des liste dans google map par destination et comme ça quand je me balade : hop je sais où manger.
Je suis allée en Egyte récemment et j'ai eu tout juste sur les restos mais l'hôtellerie est à fuir (à moins d'apprécier soit les ambiances à la shining, soit les palaces type Abu Dhabi impersonnels et standardisés - et certainement le Old cataract mais mon banquier à dit non). J'ai trouvé un seul établissement magique face au temple de Philae qui s'appelle Eco Nubian. Murs à la chaux, vue magnifique, chats qui paressent au soleil, lits en latte de palmiers durs comme une planche de bois, fenêtres sans volets, moustiquaire et restaurant incroyable avec les légumes du potager de l'hôtel qui surplombe le nil. Je recommande l'Egypte rien que pour cet établissement, le tahine et le ful à déguster au petit déjeuner.
Merci 10000 fois pour l'astuce du siège dans l'avion.
Tellement croustillante cette nouvelle édition de Carte Blanche ! Je l’ai savourée dans le train entre Paris et Bruxelles ! Le parfait compagnon de voyage 🧳