🕯️Le pain fantôme🕯️🎃
Pour Halloween, deux histoires d'épouvante (but make it lifestyle), quelques liens et une créature de rêve.
Le saviez-vous ? Montmartre n’abrite pas que les fantômes de Michou, de Dalida et de ma dignité (partie trop tôt au Soleil de la Butte pendant mes années étudiantes). Il existe rue des Trois Frères un autre esprit farceur qui envoûte les amateurs de levain naturel. Nombreux sont qui prétendent le connaître, rares sont ceux qui l’ont réellement vu. C’est que Shinya Inagaki, insaisissable boulanger japonais passé par le Grenier à Pain, la Boulangerie du Nil et la Fermentation Générale, est tout autant réputé pour la qualité de ses miches que pour la difficulté de ses clients à s’en procurer.
Pour commencer, les horaires d’ouverture de sa boulangerie ressemblent à une blague : du jeudi au dimanche, 16h30 – 19h30. Et alors quand c’est ouvert… vraiment je ne serais pas surprise de retrouver un jour l’un de ses pains au blé khorasan vendus au triple de son prix sur Vestiaire Collective tant le spectacle qui s’y joue chaque week-end m’évoque un drop Supreme à base de farines anciennes : dans son échoppe minimaliste aux murs dépouillés, un quart de foccacia, trois pains et deux pauvres parts de tarte aux légumes se disputent une table farineuse tandis que sur le trottoir, environ 35 personnes piétinent en espérant mettre la main sur n’importe lequel de ces produits. J’étais parmi elles quand je me suis demandé : « Suis-je vraiment prête à m’infliger n’importe quoi pour du pain ? » C’est le plus quotidien des mets et pourtant il génère des fétichismes qui m’épatent toujours. J’aime voir les habitants du IXe arrondissement péter les plombs quand Mamiche ferme sans prévenir. J’aime savoir que les chefs Pascal Barbot à l’Astrance et Christophe Pelé au Clarence ne se fournissent que chez Ten Belles. J’ai adoré recevoir un long voice note (6 minutes) de mon amie Deborah Pham, ivre de rage quand elle s’est pris une énième porte chez Shinya cet été et qu’elle a trouvé un écriteau annonçant “retour le 12 octobre”. Allez, j’ose le dire : mon pain préféré ne connaît ni horaires d’ouverture déconnants ni file d’attente délirante, car il vient de chez Carrefour. C’est le Pérène multicéréales qu’on mangeait à la maison quand j’étais ado. Il est au levain, super moelleux, un peu acide, il se garde pendant des jours. On s’est perdus de vue pendant dix ans et je l’ai redécouvert récemment avec bonheur. Je l’aime autant pour son goût que parce qu’il ne me snobe pas, lui. J’en étais là de mes réflexions quand le boulanger-fantôme m’a appelée. C’était mon tour. Il s’est excusé mille fois de l’attente et des maigres victuailles qui restaient sur sa table, et m’a offert le pain réservé à une cliente qui n’était pas venue. Je l’ai dévoré le soir-même et j’ai compris pourquoi la qualificatif qui revient toujours au sujet de Shinya, c’est “magicien” : cette miche était tellement réconfortante qu’elle a eu le pouvoir de m’envahir d’un sentiment de nostalgie… alors que je la goûtais pour la première fois.
Le prix des choses
450 dirhams marocains : de la vaisselle hantée
L’autre soir, j’ai été réveillée à 3h40 par un bruit dans ma cuisine. J’ai d’abord cru à un rêve quand « CLAC ! » à nouveau le son d’un truc qui tape contre du verre. Je suis sortie armée d’un magazine roulé en guise de batte, j’ai allumé la lumière et face à moi, à une scène plus flippante que tous les Guy Georges que j’avais eu le temps d’imaginer en quittant mon lit. Sur le comptoir, la carafe en verre Beldi que j’avais rapportée du Maroc deux jours plus tôt était en train de se fissurer toute seule. Je dis bien toute seule : elle n’avait encore jamais servi. Ni subi aucun changement de température. Il n’y avait pas la moindre vibration dans l’appartement. Elle était posée là, depuis deux jours, sans bouger. Et elle a soudain décidé de se fissurer. De nouveaux éclats continuaient d’apparaître alors que je la portais vers la poubelle. Le verre Beldi, c’est tout un truc : soufflé à la bouche à partir de verre recyclé localement dans l’hôtel du même nom à Marrakech, c’est un design parfaitement identifiable et la revalorisation d’un savoir-faire traditionnel marocain qui séduit nombre de boutiques en France. J’avais acheté cette magnifique carafe aux lignes inversées avec une autre plus petite, 6 verres simples, deux gros verres rigolos, 40 euros le tout soit l’équivalent d’un apéro chez Passerina. Désormais, j’appelle cet ensemble Beldi Horror Story : deux autres verres se sont fissurés, sur un troisième une longue bulle menaçante est apparue, je n’ose plus toucher à rien et surtout je ne m’explique pas. Quelqu’un s’y connait en soufflerie (ou en sorcellerie marocaine) ?
Des trucs à lire*
Peut-on devenir photogénique ? The Atlantic prétend que oui mais je suis bien placée pour affirmer que non, l’absence de photogénie est innée et même elle est héréditaire (ma tradition familiale c’est de regarder avec ma mère et ma sœur des photos où on est ignobles et de zoomer dedans en poussant des cris d’horreur). Néanmoins cet article s’appuie sur nombre d’études passionnantes où l’on apprend notamment que si nous sommes tous persuadés que notre meilleur profil est le gauche, c’est parce que l’hémisphère droit du cerveau est lié aux émotions.
Certains regardent 9 Semaines ½ pour les scènes érotiques, ce journaliste préfère le regarder pour le mobilier. On ne parle pas assez des obsessions déco qui naissent dans certains films, lesquels mériteraient parfois un message d’avertissement de type “danger : ne reproduisez pas ça chez vous”. Les stores en alu après avoir vu American Gigolo en 2011, je n’aurais vraiment pas du reproduire dans mon studio de 18m2 au 1er étage sur cour.
Comment réserver un restaurant inréservable ? Le New York Times a enquêté et livre ses conclusions sous la forme d’un jeu vidéo génial.
Ils ont un micro-budget, une seule semaine de vacances et un désir fou de la rentabiliser en visitant un maximum des spots qui les lobotomisent sur les réseaux sociaux à longueur d’année : en Chine, cette nouvelle génération de voyageurs de l’extrême s’est rebaptisée “the special forces of budget travel”.
Que se passe-t-il quand Taylor Swift dîne dans un restaurant à New York ? « Elle mange, elle paie, elle se casse » et c’est l’objet d’un savoureux papier du NYMag.
Pourquoi ne peut-on pas s’empêcher de regarder des vidéos de cuisine dégueu sur TikTok ?
*La plupart des sites sur lesquels je vous envoie ont des paywalls. Je trouve qu’il est normal et même important de payer l’information qu’on lit mais je sais aussi qu’en ce moment c’est compliqué d’être abonné à tout, que parfois entre Mediapart et Basic Fit il faut choisir et qu’un Fabrice Arfi ne gagnera jamais face à la perspective d’avoir des fesses musclées. Il se trouve que l’on m’a fait découvrir cette semaine un site qui fait tomber les paywalls, si vous voulez lire un de ces médias sans pouvoir vous y abonner faites-moi un message et je vous le communiquerai.
Un truc à voir
Vous avez aimé Posh Spice dans le documentaire Beckham sur Netflix ? Vous avez aimé Barbie ? Vous allez adorer l’épouse d’Yves Mangione, ex-joueur de l’OGC Nice. La femme de footballeur originelle, c’est elle. Elle aime les strass, le fitness à la télé et jouer au casino. Elle déteste la “qualité pourrie” des sacs Chanel qui ne valent pas mieux que “ceux du marché”. Elle affirme son goût du luxe et de l’oisiveté avec un humour fou. Si j’avais vu à sa sortie l’épisode que Strip-Tease lui a consacré en 1995, elle serait instantanément devenue mon role model (bon, j’avais sept ans). Il est dispo ici :
La prochaine fois, je vous envoie une newsletter très riche.
Ton histoire avec la carafe Beldi me fait froid dans le dos ahah. il y a cinq ans, je me suis sectionnée le tendon en voulant laver à la main un verre Beldi. J'ai tout foutu tous mes autres verres Beldi à la poubelle par peur que ça se reproduise. Vaisselle hantée ? Affaire à suivre...
moi je veux bien le lien pour les paywall